Greehill Une nouvelle tech verte pour les arbres en ville
La technologie numérique Greehill permet de suivre virtuellement les arbres et d’apporter de nouveaux outils aux gestionnaires et décideurs des villes pour anticiper les évolutions du patrimoine arboré. Pascal Goubier lance la filiale en France.
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De nouveaux outils numériques permettent de gérer le patrimoine arboré en ville. C’est le cas des services proposés par Greehill (1). L’entreprise est installée en Hongrie, à Budapest, où sont regroupés le siège et les services de R&D. Fondée en 2017, elle démarre avec un partenariat de recherche et développement avec le service des parcs et jardins de Singapour, dont elle remporte ensuite l’appel d’offres. Depuis, elle réalise dans cette ville-jardin un travail à plein temps avec ses outils pour faciliter la gestion d’un patrimoine de plus de trois millions d’arbres avec 1 800 espèces différentes.
La start-up gagne des prix prestigieux et lève des fonds. L’acquisition d’expérience l’incite à étendre ses activités en Allemagne, mais aussi aux États-Unis (Californie) à partir de 2021. En France, Pascal Goubier (2) vient d’être nommé directeur opérationnel de Greehill, laquelle l’a chargé de lancer les activités de la filiale créée en début d’année. Il a présenté la technologie et les outils lors des 10es rencontres « Palette végétale pour les espaces urbains » de Verdir, le 2 février 2023 à Paris (3).
Créer de la connaissance sur l’arbre
Celle-ci repose sur l’utilisation des technologies de scanner les plus élaborées en version mobile (MLS) ou terrestre (TLS), deux outils qui sont complétés par de l’imagerie satellitaire. Le but est de représenter virtuellement un objet physique. Pour générer ces jumeaux numériques, la société procède avec un véhicule de collecte de données équipé d’un système de mapping mobile opérant sur 360° avec des combinaisons de Lidar (télédétection par laser) et de caméras.
Le travail s’effectue à une vitesse maximale de 80 km/h en apportant des images en très haute définition (qui permettent de zoomer sur un arbre jusqu’à voir l’état de son écorce). Pour les parcs, jardins et espaces verts fermés aux véhicules, Greehill utilise un engin plus léger à énergie électrique développé par Mattro.
Une caméra bien positionnée capture des images depuis le dessous des arbres, un travail qui, sur ce point, ne diffère pas de l’observation humaine, excepté en matière de productivité et de quantité de données collectées. « Nous capturons un nuage de points précis, au centimètre près, de l’ensemble de l’environnement urbain », indique Pascal Goubier.
De la gestion à la prévention
En combinant ces informations à de l’intelligence artificielle et à des méthodes de calcul, il devient possible de suivre les arbres et de mettre en place une démarche de prévention des risques en fonction de différents paramètres de surveillance (le vent, par exemple). L’imagerie satellitaire donne des informations complémentaires pouvant servir à mesurer les services écosystémiques des arbres en ville.
« Le gestionnaire va disposer de rapports d’une extrême précision et d’un suivi statistique grâce à l’extraction des données sur l’évolution du patrimoine arboré. Le décideur politique, lui, aura accès à des informations pertinentes en mesure d’accompagner des prises de décision, comme l’abattage ou non de sujets en fonction de critères de sécurité, mais aussi des services écosystémiques qu’ils apportent », explique Pascal Goubier, en précisant que les données fournies par Greehill peuvent également être synchronisées avec celles d’un outil de gestion de base de données de type SIG (système d’information géographique).
Un suivi dans le temps
L’outil offre un gain de temps en termes de collecte de données et d’entretien des arbres. Les informations recueillies sont diverses : analyse structurelle, état sanitaire, informations dendrométriques… Le jumeau numérique peut aussi être utilisé pour effectuer des simulations ou étudier des problèmes (ravageurs, sécheresse…) afin de générer des informations applicables par la suite à l’objet physique original.
Pascal Goubier suggère d’opérer un premier passage en été, une étape qui donnera le point zéro, puis un deuxième l’année suivante, en hiver, pour qualifier de nouvelles informations et affiner. En N + 3, le comparatif enrichira la base de données avec de nouveaux indicateurs. Dans le cadre d’un projet avec Greehill, la plateforme de gestion est offerte à la collectivité. La société est pionnière sur le marché. Plus ses bases de données seront importantes, plus ses prédictions seront précises.
Par exemple, celles-ci pourront dire si les arbres de telle espèce semblent supporter la sécheresse, ou encore dans quelles conditions de plantation telle espèce est plus robuste. Greehill a pour objectif en 2023 de scanner quatre millions d’arbres à travers le monde. Elle travaille aussi sur le développement de modèles 3D exploitables dans un outil BIM (building information modeling) pour les aménageurs.
Léna Hespel et Jean-Paul Roussennac
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